L’après-midi n’avait été qu’une suite sans fin de micro-contrariétés. J’avais besoin d’être consolé. La veille, j’ai revu, en accéléré, Cours après-moi… que je t’attrape. Le matin, j’avais remarqué que La Mandarine était apparu sur TV5 Monde Plus. Pourtant, c’est Les Feux de la Chandeleur que j’introduis dans le lecteur DVD. Annie Girardot / Jean Rochefort / Claude Jade / Jean Bouise : une bûche de Noël avant l’heure.
Sauf que Les Feux de la Chandeleur est tout sauf une comédie.
Votre père et moi, on ne s’entend plus très bien. Plus comment avant. Alors comme on se faisait beaucoup de mal, on a décidé… On va se quitter, quoi. Ce n’est pas contre vous qu’il part, c’est à cause de moi. On a des problèmes d’adultes. L’amour c’est une chose fragile, très difficile. Vous devez le savoir maintenant. Et pas trop tard, comme nous.
Son notaire de mari part pour une autre femme et Girardot perd petit à petit la boule. Après avoir enchaîné deux comédies avec Louis de Funès, L’Homme Orchestre et Sur un arbre perché, Serge Korber change de registre. Jean Rochefort est glacial : il ne décrochera pas un sourire de tout le film. Même l’apparition de Bernard Fresson ne suffit pas à réchauffer l’atmosphère (Fresson qui, la semaine dernière encore, faisait des étincelles dans Tante Zita). Les Feux de la Chandeleur est un film poignant sur un sujet délicat qui, en 1972, était loin de faire des entrées. C’est sur ce tournage qu’une idylle va naitre : Girardot et Fresson ne se quitteront plus pendant sept ans.
Annie Girardot et Jean Rochefort sont retrouveront en 1979 dans un film de Philippe de Broca, Le Cavaleur. Elle sera remariée avec Jean Desailly, lui avec Nicole Garcia… Alors que son époux a le dos tourné, Girardot décoche une flèche au moustachu :
Tu es comme un coup de vent qui passe sur nous. Tu laisses des rides. Tu vois celle-là ? C’est à toi que je la dois.
Un dialogue signé Audiard.