J'ai fêté mon anniversaire chez Christian
Et après, je suis allé revoir La blouse roumaine de Matisse.
Je poursuis depuis près d’un an une quête sans fin : retrouver parmi les films que je visionne les 365 jours de l’année. La date du 03 janvier inscrite sur le mur lors de la première scène de L’Amour l’après-midi de Rohmer, l’anniversaire de Nicole Garcia le 13 janvier dans Mon Oncle d’Amérique… A Metz, après avoir visité son exposition “Perdus ensemble dans l’espace et le temps infinis”, je m’en suis ouvert à Vincent Delmas. Qui m’a coupé l’herbe sous les pieds en m’apprenant que Christian Marclay avait, lors de la 54ème Biennale de Venise, projeté un film de 24 heures, The Clock, qui recense toutes les minutes d’une journée au cinéma (Dans cette vidéo, il raconte que ce sont surtout ses assistants qui ont fait le travail).
La dernière fois que j’étais venu voir une exposition à Beaubourg, c’était déjà pour un Christian. Boltanski. J’ai réservé pour ne pas avoir à faire la queue. Mais j’ai oublié qu’au centre Pompidou, il n’y a qu’une seule file d’attente pour toutes les expos. Parce que Gérard Garouste et Alice Neel affichent complet, le parvis est noir de monde. A 15h30, les réservations pour 15h ne sont pas encore rentrées. Je laisse trainer mes oreilles et épie les conversations autour de moi : “Beaubourg, c’est moche”, “La culture, c’est cher”…
Christian Marclay, lui, n’affiche pas complet. L’exposition se découvre avec d’autant plus de plaisir que les visiteurs ne se marchent pas sur les pieds les uns des autres. Depuis son ouverture il y a un mois, j’ai eu l’occasion d’apercevoir sur Instagram certaines de ses réalisations : notamment tout ce qui concerne le travail de l’artiste à base de pochettes de disques empilées, superposées ou cousues entre elles. Son travail inspiré par le cinéma m’est par contre totalement inconnu.
Trois installations sont présentées au public, toutes les trois sur le même principe. La plus immédiate est “Telephones”, un montage de 7 minutes rassemblant des acteurs et des actrices en train de décrocher ou raccrocher des téléphones. Il est diffusé sur un écran de télévision. La plus impressionnante est “Video Quartet”, un montage de 14 minutes où quatre projecteurs diffusent en simultanée les images de musiciens et musiciennes piochées dans des films et qui se répondent les uns aux autres, aussi bien sous le signe de l’harmonie que de la cacophonie. Le travail de recherche est éberluant : j’ai reconnu Dustin Hoffman jouant quelques notes de piano dans Macadam Cowboy, Marilyn Monroe dépliant son éventail dans Les hommes préfèrent les blondes, Michael J. Fox s’escrimant sur sa guitare dans Retour vers le futur, Jean Rochefort dans Le Cavaleur, Frank Sinatra dans L’Homme au bras d’or, Forest Whitaker dans Bird, Peter Sellers dans The Party…. mais j’ai séché devant mille autres fragments qui m’étaient inconnus et qui composent cette œuvre unique. “Doors” est la réalisation le plus récente : comme son nom l’indique, elle est composée de comédiens et de comédiennes ouvrant et fermant des portes, donnant lieu à des associations incongrues comme Audrey Hepburn renvoyant la politesse à Yves Robert.
En lisant le parcours biographique de Christian Marclay qui clôt l’exposition, j’ai appris que l’artiste était aussi l’auteur de “Up and Out”, sur lequel il a remplacé la bande son de Blow Up d’Antonioni par celle de Blow Out de De Palma. Je ne sais pas si le résultat est aussi drôle que l’idée, mais elle m’a inspiré : je compte bientôt organiser une projection de Domicile conjugal dont j’aurai remplacé la bande son par celle de Dernier domicile connu. Tu viendras, dis ?