Capture d’écran : Véronique Delbourg et Stéphane Hillel dans “A nous les petites anglaises”
Depuis 15 jours, Marianne Dissard expose au Louxor la série de photos qu’elle a realisé pendant le confinement à Ramsgate, port situé sur la côte anglaise en face de Dunkerque. J’étais le premier à l’avoir oublié, mais Ramsgate est le berceau de “A Nous les petites anglaises”, le premier film de Michel Lang, avec son inoubliable thème signé Mort Shuman (“Sorrow”). D’où l’initiative d’organiser une projection de la dernière copie en 35mm du film. Marianne réussit à joindre Stéphane Hillel, un des des comédiens du film, qui accepte de participer à un échange avec le public.
Mais à quelques jours de la projection, le projecteur 35mm du Louxor s’emballe. Marianne m’envoie un S.O.S. : est-ce qu’on peut t’emprunter ton DVD de “A nous les petites anglaises” ? Pour un cinéphile à domicile, c’est une consécration : mon DVD projeté dans une salle vingt fois plus grande que mon salon.
Samedi matin, une trentaine de curieux a fait le déplacement. “A nous les petites anglaises” - au même titre que “Hôtel de la plage”, le second long-métrage de Michel Lang - a été rincé par la télévision française. Surprise : Studio Canal, l’éditeur du film en DVD, a réalisé un transfert de qualité. Je pensais que le DVD souffrirait d’un défaut de définition : il n’en est rien. L’image est claire et bien définie. Le scénario, par contre, patine au bout d’une demi-heure. Malgré la fraicheur des comédiens, on est plus proche d’”Hélène et les garçons” que de “Passe ton bac d’abord”.
Le charme est ailleurs. “A Nous les petites anglaises”, c’est un document exceptionnel sur la vie quotidienne dans une ville côtière il y a un demi-siècle : les mamies ivres mortes sur le Ferry, les bouteilles de lait posées sur le pas de la porte, les 45 tours des Platters empilés sur le pick-up, les club sandwiches à la tomate, les salles de jeu où on perd ses derniers shillings, les dancings qui sentent la bagarre… C’est l’univers de Martin Parr porté au cinéma.
Après la projection, Stéphane Hillel, dont c’était le première apparition à l’écran, évoque les sacs de courrier qu’il recevait tous les matins et le fait de ne plus pouvoir prendre le métro sans être dévisagé - il a dû passer son permis de conduire pour pouvoir se déplacer plus sereinement. En 1977, il enchaîne de Michel Lang à André Cayatte. Bide monstrueux et fin des sacs de courrier. Il poursuit sa carrière au théâtre, d’abord en tant que comédien, ensuite comme metteur en scène. A 66 ans aujourd’hui, il a abandonné en décembre dernier la direction de quatre théâtres parisiens.
La salle doit être libérée pour une nouvelle projection. Je n’aurais pas le temps de questionner au sujet des actrices du film. Et Sophie Barjac, elle embrassait mieux que Véronique Delbourg ?