Aujourd’hui, il n’y aura pas de lien de stream. Pas de bande-annonce. Pas de capture d’écran. Truth or Consequences, le premier film de Philippe Prouff, est terminé depuis plus d’un an, mais il n’a toujours pas trouvé de distributeur. Ce qui, après deux visionnages, demeure incompréhensible.
Philippe Prouff est un enfant de Twin Peaks et de La Quatrième Dimension. Il a imaginé un Nouveau Mexique où tout le monde parle français. Le pensionnaire d’une maison de retraite envoie un mail alarmant à un jeune pubard français, qui décide sur-le-champ de traverser l’Atlantique pour lui porter secours. Evidemment, plus le film avance et plus le mystère s’épaissit. Qui est cette adolescente qui, à l’heure du petit déjeuner, est prise de visions ? Quelle est cette ville qui a accepté, pour gagner un concours, de se débaptiser ? Qui livre, en début de soirée, un gâteau écœurant en forme de pièce de puzzle ? Et pourquoi ce second rôle se met-il tout à coup à parler face caméra ?
Véritable ovni dans l’espace cinématographique français, Truth or Consequences est supérieur à la somme de ses influences. C’est un tour de force dans la mesure où il s’agit d’un premier long-métrage, qu’il a été mis en boite en seulement 6 semaines, entièrement à Epinay-sur-Seine, sans un seul acteur ou actrice connu(e) au casting. Film hommage mais aussi film bricolage, dont la créativité n’est jamais bridée, à l’image de la série qui a fait connaitre le réalisateur pendant le confinement : L’Abécédaire de Philippe Prouff.
Mais pourquoi, dans un milieu qui célèbre aussi bien Benoît Forgeard que Quentin Dupieux, Truth or Consequences reste t-il sur les étagères de son producteur ? Trop américain pour un film français ? Il y a du Charlie Kaufman qui s’ignore dans la caboche de ce cinéaste voyageur.
Lors du pot suivant la projection, certains acteurs étaient présents. Dans ma tête, la confusion était totale. Le film était-il terminé ? Continuait-il sous mes yeux ? Philippe Prouff, après avoir manipulé son héros, me manipulait-il à mon tour ?
Attention : c’est peut-être lui qui me dicte ce billet dithyrambique.
Très intriguant !